Comment favoriser l’inclusion des personnes
Aménagements, recrutement, sensibilisation…
Découvrez des solutions concrètes pour intégrer les talents autistes en entreprise.

Le 2 avril, Journée Mondiale de Sensibilisation à l’Autisme, rappelle un enjeu clé : l’inclusion des personnes autistes dans le monde du travail.
Près de dix ans après le lancement du dispositif « Vivre et Travailler Autrement » par Jean-François Dufresne, ancien directeur général d’Andros, ce défi reste entier.
De nombreuses entreprises souhaitent s’engager mais manquent de repères concrets. Pourtant, mieux comprendre l’autisme, adapter l’environnement et repenser certaines pratiques peut aider à l’inclusion professionnelle.
Pour mieux comprendre ces enjeux, nous avons cherché à savoir comment aider les entreprises à bien accueillir les personnes autistes.
Pour ce faire, nous avons échangé avec Denise Taouk, Présidente de FORMAUTISME, une association qui sensibilise, forme et outille un large public sur les Troubles du Spectre de l’Autisme.
Son objectif : Chaque personne doit bénéficier des adaptations nécessaires pour pouvoir exploiter tout son potentiel et atteindre son sommet. Formautisme fonctionne en partenariat avec Josef Schovanec, philosophe, écrivain et militant.

Trouble du Spectre de l’Autisme,
L’autisme est un trouble très précoce du développement de l’enfant qui se caractérise par des difficultés de communication et des interactions sociales. Les caractéristiques de l’autisme varient énormément d’une personne à l’autre et couvrent un large spectre.
C’est pour cette raison que l’on parle de trouble du spectre de l’autisme (TSA).
On classe l’autisme dans les troubles du neurodéveloppement (TND). On estime le nombre de personnes autistes de 1 à 2 % de la population (Handicap.gouv).

Où en est-on sur l’inclusion des personnes
Les personnes autistes aspirent à une certaine autonomie et à une intégration sociale. Obtenir un emploi est alors une étape importante. Les adultes autistes doivent trouver un emploi adapté à leur profil et à leurs besoins. Pour cela, il existe des aides et dispositifs spécifiques qui peuvent être utiles dans la recherche d’emploi.
Cependant, malgré ces initiatives, la demande reste largement supérieure à l’offre. De nombreuses entreprises hésitent encore, souvent par manque de formation ou par crainte des difficultés d’adaptation.
On estime que seulement 5% des personnes autistes ont accès à l’emploi (Agefiph, 2023).
C’est d’autant plus le cas pour les personnes TSA avec une déficience intellectuelle.
Faut-il adapter
Accéder à un emploi et travailler peut être plus difficile pour une personne autiste. Certaines ont en effet eu un parcours scolaire et étudiant complexe qui ne leur permet pas d’avoir les qualifications nécessaires au poste recherché. D’autres ont le diplôme ou les compétences métier, mais peuvent se voir déconcertées à chaque étape de la candidature en entreprise (CV, lettre de motivation, entretien de recrutement), car elles éprouvent des difficultés à « se vendre ».
Non. Les méthodes classiques de recrutement, comme l’entretien d’embauche, ne sont pas adaptées aux personnes autistes. Ces dernières ont souvent du mal à exprimer leurs compétences et à se mettre en valeur.
Les entreprises inclusives adaptent leur processus en proposant par exemple un accompagnement par un job coach ou en privilégiant des mises en situation professionnelle plutôt que des entretiens traditionnels.
« Les entretiens d’embauche classiques éliminent les autistes parce qu’ils ne savent pas se vendre ».
« Ils ne savent pas parler de leurs compétences ».
Quels aménagements peuvent être mis en place pour faciliter
Il est essentiel d’adapter l’environnement de travail. Parmi les aménagements possibles :
- Un environnement calme, avec la possibilité de réduire la luminosité ou de pouvoir s’isoler si besoin.
- Une flexibilité ou un aménagement des horaires en fonction du rythme du salarié (à cause de sa fatigabilité).
- Une communication claire et structurée, notamment sur l’organisation, les consignes et les attentes liées au poste.
- Une tolérance vis-à-vis des interactions sociales limitées : certaines personnes autistes préfèrent éviter les échanges informels, non par rejet des collègues, mais par difficulté à y trouver leur place.
Les équipes doivent-elles être formées pour
Oui, la sensibilisation est primordiale. De nombreuses entreprises sollicitent des formations/conférences pour mieux comprendre l’autisme afin de mieux accompagner leurs salariés.
Josef Schovanec répond régulièrement aux sollicitations des entreprises pour sensibiliser avec humour et efficacité.
La formation permet de déconstruire les préjugés et d’aider les collaborateurs à adopter des comportements adaptés pour créer un environnement de travail inclusif.

Quelles sont lesdes personnes autistes ?
Les personnes autistes se distinguent souvent par leur rigueur, leur concentration, leur sens du détail et leur précision.
Par exemple, dans l’industrie agroalimentaire, leur minutie permet d’éviter le gaspillage de matières premières, entraînant ainsi des économies significatives.
Les entreprises qui ont adopté ces pratiques témoignent d’une productivité accrue et d’une meilleure qualité du travail.
Vivre et Travailler Autrement (VETA) et l’entreprise Andros refusaient de croire à l’inemployabilité de ces personnes qu’ils ont vues comme des personnes ayant certes des besoins spécifiques, mais aussi des talents et des compétences remarquables.
C’est sur cette conviction qu’est né le dispositif expérimental innovant Andros, qui vise à donner une autonomie aux personnes au travail, comme dans la vie quotidienne.
Existe-t-il
Les personnes autistes peuvent occuper des postes très variés, comme tout le monde.
Contrairement aux clichés, ils ne sont pas uniquement destinés aux métiers de l’informatique ou des mathématiques ; ils ne sont pas non plus inemployables.
Certains réussissent dans des domaines aussi divers que l’enseignement, le droit, la haute couture ou la philosophie, d’autres excellent dans des travaux manuels.
L’essentiel est d’adapter le cadre de travail à leurs besoins et de leur offrir des conditions propices à leur épanouissement professionnel.
« L’objectif est de favoriser l’autonomie d’adultes autistes et leur inclusion socioprofessionnelle afin qu’ils accèdent à leur pleine citoyenneté au cœur d’une société accueillante et inclusive. »

De gauche à droite : Stéphane Barré, Maire d'Oissel; Denise Taouk, présidente de Formautisme; Josef Schovanec, philosophe, écrivain et militant; Jean-François Dufresne, ancien Directeur Général d'Andros et président fondateur de Vivre Et Travailler Autrement; Jean-Philippe Piat, formateur et militant; Julie Bali du Centre de Ressources Autisme Normandie Seine Eure; Jaoud Henoun, directeur travail accompagné à Ladapt Normandie; Séverine Botte, 1ère adjointe au Maire d'Oissel